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Crise politique en France : ‘’Après moi, le déluge’’

Par Y.B.-- 21-Juin-2024 0

En 2024,  l’expression “après moi, le déluge” qui illustre un comportement où les décideurs ignorent délibérément ou sous-estiment les conséquences futures de leurs actions, mettant ainsi en péril la stabilité et la durabilité à long terme, trouve son sens en France.

En effet, la France est secouée par une crise politique d’une ampleur sans précédent, déclenchée par les résultats électoraux européens et la décision controversée du président Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Cette période a exacerbé les divisions sociales et politiques préexistantes, révélant un profond mécontentement envers les institutions et les leaders du pays.

La France, marquée par une histoire de racisme persistant, n’a jamais pleinement réussi à éradiquer ces comportements. Sous le mandat de Macron, les efforts pour unifier le pays ont souvent semblé insuffisants, voire contre-productifs, alimentant ainsi les divisions et renforçant les mouvements d’extrême droite. Ses politiques ont souvent été critiquées pour affaiblir les véritables démocrates et fragiliser les fondements démocratiques du pays.

Cette conjoncture a ravivé les flammes de la discorde et plongé la France dans une crise d’une gravité inouïe, mettant en péril son unité et sa cohésion sociale.

Inégalités économiques et scandales politiques exacerbent les tensions sociales

Les inégalités économiques croissantes et la montée de la précarité constituent des éléments centraux de la crise actuelle en France et qui ont contribué à polariser la société et à fragiliser les fondements de la démocratie représentative.

– Inégalités économiques croissantes : Selon de nombreux rapports de l’INSEE, la richesse se concentre de plus en plus entre les mains d’une petite élite, tandis que la classe moyenne et les travailleurs précaires peinent à boucler leurs fins de mois. Cette réalité a engendré un profond sentiment de frustration et de trahison parmi une grande partie de la population, accentué par une inflation galopante qui met à mal l’économie de nombreuses familles.

Le rapport de 2023 du Secours populaire soulignait que, en raison de la diminution du pouvoir d’achat, plus d’un tiers des Européens réduisent régulièrement leur consommation alimentaire. En France, par exemple, 38 % des personnes interrogées ne parviennent pas à faire trois repas par jour, 39 % renoncent à acheter de la viande et 10 % dépendent des associations caritatives pour s’alimenter.

– Précarité sociale : La montée de la précarité sociale, exacerbée par des niveaux élevés de chômage, notamment parmi les jeunes, et des conditions de travail de plus en plus précaires.

– Désillusion politique : Une perte de confiance dans les institutions politiques, accentuée par des scandales récurrents impliquant des personnalités politiques de premier plan, ce qui nourrit un sentiment généralisé de méfiance envers les élites dirigeantes.

– Divisions sociales et politiques : Des divisions sociales et politiques grandissantes, exacerbées par des politiques controversées et parfois perçues comme favorisant certaines catégories de la population au détriment d’autres.

– Mouvements populistes et extrémistes : L’émergence de mouvements populistes et d’extrême droite, exploitant les frustrations populaires et alimentant des discours de haine, de racisme, d’intolérance…

– Contexte européen et international : Les pressions économiques et sociales dans un contexte européen complexe, notamment liées aux politiques migratoires et à la mondialisation, qui influencent également la politique intérieure française.

En plus des facteurs précédemment mentionnés, la crise politique en France est également alimentée par plusieurs autres éléments spécifiques :

– Mauvais choix politiques de Macron : Certaines décisions prises par Emmanuel Macron, telles que la réforme des retraites et d’autres réformes économiques et sociales jugées favorables aux grandes entreprises et aux élites économiques, ont été perçues comme éloignées des intérêts et des attentes des citoyens ordinaires.

– Réactions aux mouvements sociaux : La gestion par le gouvernement des mouvements sociaux notables comme les Gilets Jaunes, qui ont émergé en opposition aux politiques économiques jugées injustes et à l’écart des préoccupations quotidiennes de la population, a exacerbé les tensions et nourri un sentiment de mécontentement généralisé.

– Démocratie participative : Une critique récurrente concerne le manque de consultation effective des citoyens dans le processus décisionnel, renforçant ainsi le sentiment de déconnexion entre les élites politiques et la base sociale.

– Évolution des valeurs sociétales : Des débats sociétaux sur des questions telles que l’immigration, l’identité nationale, et les droits individuels ont polarisé l’opinion publique et ont été exploités par certains acteurs politiques pour renforcer leur base électorale.

– Diabolisation des défenseurs des droits : La diabolisation des associations et des activistes des droits de l’homme et de l’égalité se manifeste souvent par une campagne de dénigrement visant à discréditer leur légitimité et leur travail. Cela peut prendre plusieurs formes :

  • Attaques médiatiques et politiques : Certains médias et acteurs politiques critiquent sévèrement les associations et les activistes, les accusant de favoriser des agendas politiques ou de recevoir un soutien financier d’intérêts particuliers. Ces attaques visent à semer le doute sur leur intégrité et leur objectivité.
  • Accusations de partialité : Les critiques les plus virulentes dépeignent souvent les associations comme partiales ou biaisées, ne représentant qu’une partie de la société et ignorant les préoccupations légitimes d’autres groupes. Cela peut être particulièrement visible lorsqu’il s’agit de questions sensibles comme les droits des minorités, l’immigration, ou les droits des Palestiniens,…
  • Restrictions législatives et administratives : Certaines législations ou politiques gouvernementales ont été utilisées pour restreindre les activités des associations et des activistes, telles que des exigences accrues de transparence financière, des audits fréquents, ou des amendes pour des violations mineures, ce qui peut entraver leur capacité à fonctionner efficacement.
  • Intimidation et harcèlement : Des tactiques d’intimidation peuvent être utilisées, telles que des poursuites judiciaires, de fortes amendes, des menaces anonymes, du harcèlement en ligne, ou même des attaques physiques contre les membres de ces organisations. Ces méthodes cherchent à dissuader les individus de poursuivre leur engagement pour les droits de l’homme et l’égalité.
  • Discours de haine et stigmatisation : Les discours de haine contre les groupes défendus par ces associations peuvent se répandre dans l’opinion publique, contribuant à leur stigmatisation et à une atmosphère d’hostilité.

Cette diabolisation des associations et des activistes des droits de l’homme et de l’égalité représente une menace pour la démocratie et les libertés civiques en sapant leur capacité à défendre les droits fondamentaux et à promouvoir une société plus juste et équitable.

En résumé, la crise politique en France résulte non seulement de facteurs structurels profonds tels que les inégalités économiques et sociales, mais aussi de décisions politiques spécifiques controversées et de réactions à des mouvements sociaux marquants, qui ont tous contribué à une fracture croissante dans le paysage politique français.

Montée du Rassemblement National en France

La politique du macronisme qui s’est alignée sur les mêmes positions de l’extrême droite   a favorisé l’émergence du Rassemblement National (RN). Ce dernier cherche à rallier ceux qui se sentent exclus par le macronisme en accentuant les divisions sociales, souvent en ciblant les immigrés comme boucs émissaires. De plus, la macronie a contribué à légitimer les discours du Rassemblement National, notamment en introduisant la notion de ‘’préférence nationale’’ dans des textes législatifs comme celui sur l’asile et l’immigration. Marine Le Pen a qualifié cette évolution de “victoire idéologique”.

D’autres partis, tels que Les Républicains, ont également contribué à cette dynamique. Leur leader, Éric Ciotti, qui a montré son vrai visage en s’attaquant à l’Algérie,  a choisi de s’allier avec Marine Le Pen lors des élections législatives. Il n’est pas rare d’entendre les Républicains, tout comme les macronistes, utiliser des concepts associés à l’extrême droite tels que ‘’le wokisme’’, ‘’le grand remplacement’’ et ‘’l’islamo-gauchisme’’ et d’autres. Cette tendance participe à normaliser le RN et à renforcer son attrait auprès de l’électorat.

Révolte électorale et désillusion envers la macronie

Ces dernières élections européennes de 2024 ont été marquées par une poussée significative de l’extrême droite en France. Le Rassemblement National a capitalisé sur un mécontentement généralisé, se présentant comme une alternative aux partis traditionnels. À l’échelle régionale, le RN a dominé quasiment partout, atteignant des records dans des régions comme les Hauts-de-France et la Corse, où la liste de Jordan Bardella a dépassé les 40 %. Même des bastions historiquement à gauche, comme la Bretagne, ont basculé.

Ces élections témoignent d’un rejet massif des politiques établies. Le faible taux de participation et les votes de protestation reflètent une profonde désillusion envers le système politique et la macronie, au pouvoir depuis sept ans. Emmanuel Macron, qui déclarait lors de sa victoire présidentielle que “ce vote m’oblige”, semble avoir volontairement renforcé le soutien en faveur de l’extrême droite. Nombreux sont ceux qui appellent désormais à un changement de cap politique.

En définitive, ces résultats expriment une sanction envers les partis traditionnels qui n’ont pas réussi à améliorer les conditions de vie des Français.

La gauche, caractérisée par ses divisions internes et ses débats persistants, a exacerbé l’incertitude et contribué à l’abstention lors des récentes élections. En particulier, la diabolisation des partis comme La France insoumise a alimenté les dissensions et érodé la cohésion au sein du camp progressiste. Cette atmosphère de conflit interne et de méfiance mutuelle a découragé de nombreux électeurs potentiels, qui ont préféré s’abstenir pour éviter de participer à une polarisation encore plus profonde. Ainsi, au lieu de mobiliser un front uni contre les forces politiques adverses, les divisions au sein de la gauche ont contribué à affaiblir son impact électoral et à renforcer les tendances d’abstentionnisme.

Les sociaux-démocrates, autrefois une force politique distincte, ont été largement éclipsés sous le leadership dominant d’Emmanuel Macron, au point de perdre non seulement des électeurs mais également leur identité propre. Ils sont devenus de simples porte-paroles du macronisme, adoptant un discours et un vocabulaire alignés sur celui du président, ce qui rappelle parfois les pratiques des partis dans des régimes autoritaires. Cette subordination politique s’est traduite par une réduction de leur influence et de leur capacité à proposer des alternatives politiques clairement différenciées.

L’absorption des sociaux-démocrates dans le discours et les politiques de Macron a conduit à une uniformisation des débats politiques, avec peu d’espace pour des voix dissidentes ou des positions alternatives. Cette homogénéisation a non seulement aliéné une partie de leur base traditionnelle, mais a également affaibli leur rôle de contre-pouvoir politique face au pouvoir en place. En conséquence, les sociaux-démocrates se trouvent désormais dans une position où leur capacité à incarner une alternative crédible est sérieusement compromise, laissant place à une critique croissante sur leur alignement apparent sur les politiques et les méthodes du macronisme.

Impact sur les marchés et la perception internationale

La dissolution de l’Assemblée nationale juste avant les Jeux Olympiques de 2024 à Paris pourrait potentiellement entraîner un changement de gouvernement, engendrant ainsi :

  • une instabilité politique qui compliquerait la mise en œuvre des politiques et des réformes nécessaires.
  • Du côté des investisseurs, il existe également une appréhension concernant les prochaines élections. La Bourse de Paris a enregistré une baisse significative, reflétant les inquiétudes quant à la stabilité économique et politique du pays.
  • Sur le plan international : La crise politique en France a des répercussions significatives sur la scène internationale à plusieurs niveaux :
  • Image et influence diplomatique : La France, en tant que grande puissance économique et politique, joue un rôle crucial dans les affaires internationales. Les crises politiques internes peuvent affaiblir son image de stabilité et d’unité, réduisant ainsi son influence diplomatique sur des questions globales telles que le changement climatique, la sécurité internationale et les droits de l’homme.
  • Relations bilatérales et européennes : Les fluctuations politiques en France peuvent affecter ses relations avec les autres pays membres de l’Union européenne. Une instabilité politique peut rendre plus difficile la coopération au sein de l’UE sur des initiatives communes et fragiliser la position française dans les négociations internationales, notamment sur le Brexit, les accords commerciaux et la politique étrangère commune.

Ses relations avec l’Afrique, déjà en difficultés,  peuvent être largement affectées et causeraient même des ruptures totales

  • Stabilité économique et financière : Les incertitudes politiques peuvent également influencer les marchés financiers internationaux. Une crise politique prolongée en France peut entraîner une volatilité accrue sur les marchés, affectant les investissements étrangers et la confiance des entreprises internationales dans l’économie française.
  • Répercussions géopolitiques : En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la France joue un rôle clé dans la diplomatie mondiale. Une instabilité politique pourrait compromettre sa capacité à agir de manière cohérente sur des questions de paix et de sécurité internationales, affaiblissant ainsi son influence, déjà amoindrit par le double langage de la diplomatie française, au sein des organisations multilatérales.
  • Réactions et perceptions internationales : La crise politique en France suscite une attention médiatique internationale et peut influencer la perception publique des politiques françaises à l’étranger. Les partenaires internationaux surveillent de près l’évolution de la situation politique en France et ajustent souvent leurs stratégies en conséquence.

Scénarios électoraux en France :

Plusieurs scénarios se dessinent pour l’avenir politique de la France :

  • Victoire de l’extrême droite : Une victoire du Rassemblement National aux élections législatives pourrait engendrer des politiques axées sur le pouvoir d’achat, mais également créer des tensions dans les relations internationales, notamment avec l’Union européenne. Bien que le RN soit actuellement en tête des sondages, une telle victoire plongerait la France dans l’incertitude quant à ses orientations politiques futures.
  • Victoire du bloc central : Alors que des bouleversements géopolitiques majeurs se profilent à l’échelle mondiale et que la France se prépare à accueillir les Jeux Olympiques, le maintien de la majorité présidentielle pourrait assurer une certaine continuité jusqu’à la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron. Cependant, une majorité relative pourrait également conduire à un éloignement croissant des aspirations populaires, à l’image des nombreuses réformes passées par le biais de l’article 49.3.
  • Victoire du Front Populaire : L’instauration de politiques axées sur la justice sociale pourrait apaiser les tensions et restaurer la confiance publique. Les réformes envisagées, telles que le rétablissement de l’ISF, le gel des prix des biens de première nécessité, l’augmentation des salaires, la création d’un pôle public du médicament, et la conditionnalité des aides aux entreprises à des critères environnementaux, sont au cœur de leur programme. Toutefois, la capacité à financer ces promesses sans décourager les investisseurs, dans un contexte où la dette française dépasse déjà les 3 000 milliards d’euros, reste une préoccupation majeure.

Quel avenir pour les Français issus de l’immigration et les élections législatives

Les Français issus de l’immigration jouent un rôle de plus en plus important dans le paysage politique français, notamment lors des élections législatives. Leur positionnement et leurs choix électoraux sont influencés par divers facteurs, notamment leurs préoccupations socio-économiques, leur perception des politiques d’immigration, et leur identification avec les partis et candidats qui défendent leurs intérêts.

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise (LFI), a souvent attiré une partie significative du vote des électeurs issus de l’immigration pour divers raisons :

– Politiques sociales et économiques : LFI promeut des politiques de justice sociale et économique qui visent à réduire les inégalités et à améliorer les conditions de vie des populations défavorisées, y compris celles issues de l’immigration. Des mesures telles que l’augmentation des salaires, la défense des services publics, et la lutte contre la précarité peuvent résonner avec les préoccupations de ces électeurs.

– Droits des immigrés et lutte contre les discriminations : Mélenchon et LFI ont pris des positions fortes en faveur des droits des immigrés, y compris la régularisation des sans-papiers, la protection des droits des travailleurs migrants, et la lutte contre les discriminations raciales et ethniques. Ces positions sont souvent perçues comme proches des préoccupations des communautés immigrées en France.

– Opposition à l’extrême droite : Face à la montée de l’extrême droite et de ses discours anti-immigration, Mélenchon et LFI représentent souvent un rempart perçu contre ces tendances. Leur engagement en faveur de l’inclusion sociale et de la diversité peut mobiliser les électeurs issus de l’immigration pour contrer les discours xénophobes et nationalistes.

– Mobilisation communautaire : LFI et Mélenchon ont également développé des stratégies de mobilisation spécifiques pour atteindre les communautés immigrées à travers des campagnes ciblées et une communication adaptée. Cela peut renforcer l’engagement et la participation politique de ces électeurs lors des élections législatives.

– Mobilisation envers les causes justes (Palestine) : La mobilisation envers les causes justes, comme celle de la Palestine, représente un mouvement souvent motivé par des préoccupations humanitaires, des considérations de justice sociale et des questions de droits de l’homme.

Cette élection revêt une importance cruciale pour ce groupe démographique, qui est appelé à se décider entre les alliances de gauche et de droite, deux orientations politiques dont les répercussions pourraient être significatives pour l’avenir à venir.

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